Une terre préservée

Les effets des microclimats sur les productions de fruits de La Réunion

Vous souhaitez en savoir plus sur la production de fruits sur l’Île de la Réunion ? Nous avons interrogé Ignace HOARAU, responsable expérimentation cultures fruitières tropicales à l’ARMEFLHOR (Association Réunionnaise pour la Modernisation de l’Économie Fruitière, Légumière et Horticole), pour connaître les spécificités liées aux microclimats réunionnais.

Les microclimats réunionnais

La Réunion est une petite île, néanmoins, elle héberge plusieurs types de climats.

Pourquoi il y a différents microclimats ?

Le relief de l’Île de la Réunion a une forte influence sur les températures et les conditions météorologiques de la Réunion. Ce relief « coupe » l’île en deux et créé ainsi la « Côte-au-vent » et la « Côte-sous-le-vent ». Les alizés apportent une forte humidité sur la Côte-au-vent, tandis que la Côte-sous-le-vent est assez peu arrosée, principalement à cause des volcans qui bloquent les vents.Le relief très variable de l’île entraîne une grande variété de zones climatiques. Elles varient au gré de la topographie et en fonction de la hauteur des pitons, des remparts et des cirques.

 

Comment sont-ils répartis sur l’île ?

Sommairement, l’île peut être scindée en deux zones : la partie Sud-est, au climat tropical chaud et humide, et la partie Nord-ouest au climat aride et sec. Mais la Réunion est plus complexe que cela. Certains climatologues recensent jusqu’à 200 types de climats sur l’île.

 

Les climats chauds et humides se concentrent à basse altitude, en dessous de 350 mètres. Par ailleurs, plus l’altitude s’élève, plus la température baisse. Dans les Hauts de l’île, la température peut même descendre à 0 °C en hiver.

Quelles sont les contraintes des terrains agricoles réunionnais ?

Il n’y a pas que les différents microclimats qui jouent sur la production fruitière réunionnaise. Les divers reliefs ont aussi un impact.

L’île de la Réunion étant une île volcanique, elle est dotée de reliefs variés. Dans le Nord-est, au niveau du Piton des neiges, le relief est abrupt et monte rapidement au-dessus du niveau de la mer pour atteindre 3 070 mètres d’altitude.

Au Sud-est, le Piton de la fournaise s’élève à 2 632 mètres, mais les pentes y sont plus douces. Entre les deux volcans et sur le pourtour de l’île, l’altitude est relativement basse et le relief est plan.

 

Fruits réunionnais et microclimats : quels impacts ?

 

 

Les microclimats réunionnais ont une influence forte sur la production fruitière locale. Bien qu’il soit possible de planter quasiment toutes les espèces sur l’intégralité de l’île, il est préférable de privilégier certaines zones pour certaines plantes, notamment si le producteur souhaite obtenir des fruits de qualité. Explications.

 

 

Le letchi

Le letchi est un fruit qui aime les zones chaudes et humides. Il est donc majoritairement présent dans l’est, aux alentours de Saint-Benoît, Sainte-Rose, Saint-Joseph, à basse altitude, sous 350 mètres. Ici, les letchis arrivent à maturité beaucoup plus rapidement. Les premiers letchis sont cueillis dans la zone Est, et les suivants un peu plus tard dans la zone Sud-est et Sud, au climat plus sec. La production peut néanmoins varier à cause des périodes cycloniques, puisqu’ils poussent à partir du mois de juin.

L’ananas

L’ananas est cultivé sur presque toute l’île, mais il se plaît mieux dans certaines zones. En fonction de l’altitude, les dates de maturité seront différentes. Plus les ananas sont plantés haut, plus le cycle de croissance sera long – entre 18 et 22 mois en altitude et entre 13 et 15 mois en plaine. Ces différentes localisations ont un impact sur le goût de l’ananas. Les ananas en provenance des bas seront un peu plus sucrés en été et beaucoup plus sucré en hiver, du fait du climat plus chaud et plus ensoleillé. Mais il faut savoir que la culture à basse altitude nécessite plus de travail. Le climat tropical entraîne la pousse d’herbes et d’adventices qui nécessitent de la main d’œuvre pour être arrachés.

À l’inverse, la culture dans les hauts est moins difficile en ce qui concerne l’enherbement, mais elle est plus complexe au niveau du travail. En effet, certaines cultures sont situées sur des pentes pouvant aller de 5 % à 15 %. Le travail est alors bien plus physique. À savoir que 50 % à 60 % de la production fruitière réunionnaise est en pente.

Le fruit de la passion

Le fruit de la passion, comme l’ananas, est cultivé sur presque toute l’île. De la même façon que pour l’ananas, le froid allonge les cycles de production. Cependant, tandis que le froid n’a pas d’impact sur le volume d’ananas, il réduit le volume de production du fruit de la passion. Dans les bas, il sera possible de faire deux, voire trois récoltes par an, tandis que dans les hauts, une seule récolte sera effectuée. À noter que les fruits des hauts seront parfois un peu plus ronds que leurs homologues du bas.
Par ailleurs, le climat plus humide des hauts peut apporter son lot de désagréments, notamment des champignons. En cas de pluies importantes, il est possible que ces champignons apparaissent dans les bas, mais c’est plus rare. Étant donné qu’il n’existe aucun traitement homologué, les agriculteurs ne peuvent pas traiter les fruits contre les champignons. Ils essaient donc différentes techniques pour lutter contre eux. Tailler un peu plus pour aérer les espaces entre les plantes et éviter que l’eau ne stagne sur les parcelles font partie des meilleures méthodes pour le moment.

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